Plaisirs d’essence
Quand du pouce et l’index je décroche sa clé Et que, dans le garage, je viens la réveiller Quand une fois sur deux roues, je la sors en arrière Cela n’est pas routine mais bien préliminaires
Encore aucun témoin, posée sur la béquille Je fais tourner la clé, aiguille et chiffres s’élancent Enfin bielles et pistons repartent dans la danse Au coup de démarreur, en elle revient la vie
Ensuite je la délaisse, la laissant respirer Vibrer autant qu’elle veut et chauffer à son aise J’enfile casque et puis gants, pas sûr que ça me plaise Mais pas de relation, sans être protégé
Enfin vient le moment d’un contact plus physique Cet instant du départ, à chaque fois unique Châssis entre mes cuisses, dans mes mains ses poignées Accordée à mon rythme dés qu’elle est balancée
Recherche d’intimité pour vivre une passion On quitte le centre ville et la circulation Sur cette route en sous-bois, à défaut de caresses S’offrent à nous le bitume, le vent et la vitesse
Et suivant la manière dont ma main la titille Tantôt elle ronronne, tantôt elle est furie Un couple gigantesque nous propulse en avant Sortis de chaque virage, plonger vers le suivant
Après je me détend, soulage le moteur J’admire le paysage, assis tout en hauteur Sur cette route je plane, à peine à quatre-vingt La belle tout contre moi, ce que je me sens bien
Si toi tu as connu ce plaisir sans partage Qui peut se déguster, même en prenant de l’âge Tu trouveras, c’est sûr, pour y avoir goûté Les mots de ce poème, à peine exagérés Jacques Bodson, Belgique.