Quelques semaines après son voyage avec Vintage Rides, Laurent Goudet nous raconte son trip à travers les montagnes les plus hautes du monde avec élégance et précision.
Accompagner un groupe de motards dans le massif himalayen, voilà le défi que je me suis lancé au cours de l’été 2014.Pris en charge par l’équipe de Vintage Rides, me voilà immergé dans une aventure des temps modernes. Sur le papier, la Transhimalayenne cumule les superlatifs. Quelque 1 600 kilomètres de routes et de pistes à travers l’extrême nord du continent indien à la découverte du Ladakh, cette province appelée aussi le petit Tibet.
N’ayant pas de permis de conduire, j’ai participé en observateur en tant que simple passager. Une expérience unique et puissante qui a changé en profondeur ma conception du rapport entre l’homme et la nature. Rien n’est plus pareil après cette transhimalayenne. De ces 10 jours, on retient des visions : les moines bouddhistes en transe, un berger et son troupeau dans de fabuleuses vallées herbeuses, des déserts parmi les plus hauts du monde, des lacs de haute montagne sacrés. Mais aussi des rencontres, qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Je vis aujourd’hui dans l’espoir un peu fou de parcourir cette Transhimalayenne au guidon d’une rutilante Royal Enfield.
Car, disons-le, Vintage Rides propose une sorte de parcours initiatique pour tout motard, un des raids extrêmes dans l’une des régions les plus reculées au monde. Au-delà de la performance pure de rouler en Royale Enfield dans une région remarquable, cette Transhimalayenne est aussi une histoire humaine, celle d’un groupe de passionnés de moto, amateurs de paysages fabuleux, de sensations fortes et curieux de culture exotique. L’histoire de simples êtres humains cernés par les cimes, bousculés par les dimensions colossales du massif himalayen et la puissance de la culture tibétaine.
Rappelons-le d’emblée, ce voyage est loin d’être une promenade de santé. Il s’adresse à des personnes en parfaite santé, des motards chevronnés capables de passer plusieurs cols en une seule journée. Avant que le voyage débute, le guide français de Vintage Rides, lors d’un brief, demande à chacun son niveau dans la pratique de la moto. Et surtout prévient des risques liés à la haute altitude sur la santé de chacun. « On part ensemble et on revient ensemble », déclare alors le guide avant de rappeler toutes les règles de sécurité qui doivent être comprises et respectées par tous.
Pas question de jouer solo, la cohésion du groupe, la solidarité et l’écoute entre les membres est une des conditions du succès d’une Transhimalayenne. Rouler en Royal Enfield, cette moto made un India dont le nom résonne comme un mythe pour tous ceux qui aiment pratiquer la moto en prenant le temps de saluer les habitants ou de regarder les paysages.Son design rétro, le son du moteur si caractéristique, un puissant quatre temps, sa conception proprement dite, font de cette moto un véhicule parfaitement adapté aux routes de haute montagne.
Après une courte journée de rodage sur des petites routes non loin de Manali, les choses se corsent rapidement. La première épreuve est de franchir le Rohtang Pass. Ce col, qui culmine à près de 4 000 mètres d’altitude, est connu de tous les Indiens. C’est la porte d’entrée obligatoire pour accéder au Ladakh et au pays tibétain.
Le Rohtang Pass est le point final de la verdoyante vallée de Kullu et le départ d’un grand désert himalayen. Mais, surprise ! Une fois arrivés à son point culminant, les voyageurs se retrouvent dans une sorte d’énorme foire indienne. On y voit des Indiens, affublés de combinaisons de ski, tentant de glisser sur la neige. Des centaines de familles s’y égaillent dans une sympathique anarchie, saisissante illustration d’une Inde nouvelle qui s’ouvre à la mondialisation et dont les habitants les plus aisés découvrent les sports d’hiver.
Et presque, soudainement, une fois le col passé, nous voilà dans un autre monde. Tout change, les paysages désertiques et surtout les habitants qui n’ont pas les mêmes coutumes ni la même culture. La nature s’impose dans sa démesure. Les lignes de fuite s’élèvent, les perspectives s’allongent presque à l’infini. Des glaciers monstrueux, des cimes enneigées qui pointent dans un ciel presque charbon, des vallées herbeuses. C’est presque irréel. Les dimensions sont incomparables avec nos Alpes françaises.
On commence déjà à apercevoir des moines bouddhistes, des monuments de culte se dévoilent alors. On ne peut s’empêcher de penser aux aventures de Tintin au Tibet en regardant les habitants cultiver leur jardin ou les moines se promener le long des routes. Les mythes se bousculent dans ma tête alors que nous empruntons les routes qu’Alexandra David Néel avait découvertes il y a longtemps. Cette femme européenne qui a été la première à séjourner à Lhassa au Tibet et dont les multiples travaux ont permis de faire découvrir à l’Occident la richesse de la culture bouddhiste tibétaine.
Comme tout voyage dans l’inconnu, tout est affaire de progression. Alors que le groupe s’enfonce dans les entrailles du massif himalayen, les motards doivent alors redoubler de vigilance, la moindre erreur de pilotage peut avoir de terribles conséquences. Pas facile, les organismes et les mécaniques sont soumis à rude épreuve. Les effets de la haute altitude, l’impression de grande solitude dans l’immensité du désert changent le comportement des membres. Ils jouent comme une potion désinhibante. Les réactions à chaud se multiplient, les échanges lors des pauses se font plus vifs. L’alchimie du groupe commence à prendre corps sous l’œil vigilant du staff de Vintage rides. Certains voyageurs, discrets dans un premier temps, commencent à se livrer.C’est le cas de Murielle, la seule conductrice de cette édition de la Transhimalayenne 2014. Il faut dire qu’elle est sportive. Après une carrière de volleyeuse, elle est devenue professeur de sports et passionnée de deux roues. Ce raid était pour elle un véritable défi. « Je me suis préparée psychologiquement admet-elle sur le ton de la confidence. Mais j’ai été rapidement mise en confiance. La moto est facile à piloter. Pourvu que l’on soit physiquement en forme, une femme peut parfaitement suivre le rythme. J’en suis la preuve ! »
Le deuxième et dernier chapitre des aventures de Laurent en Himalaya est à lire ici !
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