Le Rajasthan à moto, un grand classique chez Vintage Rides.
L’Aventure Rajasthanie, c’est une autre histoire. Le Rajasthan est rarement exploré par sa face sud-ouest, celle de l’hyper-ruralité, longeant les Monts Aravellis jusqu’au désert du Thar. Complètement emballé par son voyage sur la
Transhimalayenne en août dernier, Baptiste a choisi, encore une fois, un des meilleurs itinéraires de
voyage à moto en Inde. Il tente de nous résumer l’identité du trip. « Ce circuit s’adresse à ceux qui veulent s’immerger en profondeur dans l’Inde rurale et recherchent l’aventure, avec pas mal d’off road et de grosses journées de roulage. »
Sur le papier, c’est un road-trip moto de Jaipur jusqu’à Jaisalmer, empruntant les pistes et chemins dans le sens des aiguilles d’une montre, en passant par les villages de Ghanerao, Mont Abu, Jalore et Barmer. Devant eux, Benoît et Baptiste ont 10 jours, juste le temps pour prendre une bonne dose de dépaysement ! A Jaipur, ils sirotent un chaï avant de prendre la route sur leur
Royal Enfield Classic 500 en direction de Pushkar. Ils quittent la grande ville et pénètrent d’emblée dans la campagne rajasthanie, atteignant rapidement un des terrains de jeu préférés des motards : le grand lac salé du Sambhar. « Les trips Vintage sont toujours conçus avec une montée en puissance progressive au fil des jours. Sur cet itinéraire, non, c’est direct le grand kiff, le Sambhar. » C’est la récré, les deux copains s’amusent, font des dérapages et des allers-retours dans le sable pendant une bonne partie de la journée.
« On a vraiment l’impression de glisser sur cette croute qui craque, tantôt dure, tantôt mouvante. Personne aux environs, de temps en temps, un mec déboule en camion de nulle part. Quelques scènes de vie à droite à gauche, et des flamands roses au loin, quel souvenir ! »
Au cœur de l’Inde Eternelle
Dans cette région mythique qui brille habituellement par ses grandes cités et le faste de ses palais, Baptiste nous parle d’un tout autre aspect du Rajasthan, celui de ses villages qui surgissent tels des oasis, avec leur lot de rencontres. Gandhi disait que « Les villages sont l'Inde véritable », la moto est sans aucun doute le meilleur moyen pour s’y plonger. « On est loin de la ville, loin de la pollution, c’est une immersion complète dans une nature sauvage, brute et préservée. » Sur leur route, ils ne croisent que quelques bergers ramenant leurs troupeaux de vaches, chèvres ou buffles. Ils déambulent au cœur de la vie rurale du Rajasthan : charrettes brinquebalant au trot des chameaux, bergers en tenue blanche immaculée coiffés de leurs mythiques turbans colorés. A côté d’eux, paons, singes et antilopes gambadent librement.
Coupés du monde, les deux copains progressent sous la lumière de l’Inde, celle du coucher de soleil hypnotique, floutée par la brume hivernale. « On s’habitue à cette Inde sereine, on s’y attache ». Voyager à moto ici a une saveur unique. La Bullet se fond à merveille dans ces contrées, comme si elle battait la mesure en harmonie avec la quiétude ambiante. Pendant quelques jours, ils longent les Aravellis, la chaîne montagneuse traversant le Rajasthan. « Depuis Mont Abu, nous avons pour la première fois une vue d’en haut sur toute la région, on grimpe à 1220m d’altitude. » En approchant ensuite de Jalore, Baptiste nous décrit un autre environnement, sorte de désert semi-aride, émaillé d’immenses formations rocheuses posées mystérieusement dans le décor.
A Ghanerao et Jalore, ils dorment dans des propriétés datant du temps des Maharajas, transformées en hôtel, et appartenant toujours aux familles héritières Rajpoute depuis le XVIIème siècle. Le tourisme permet à ses palais de retrouver de leur superbe. « Le Royal Castle de Ghanerao est un palais dans son jus, un vrai patrimoine vivant chargé d’histoire. » Ils passent le 31 à Jalore, dans un autre palais au cœur de la vieille ville. Située au carrefour d’anciennes routes commerciales, Jalore était autrefois prospère. Comme d’autres villes du Rajasthan, elle est tombée dans l’oubli. « On arrive à la nuit tombée, accueillis comme des princes. Dans nos sacs, nous avons une bouteille de vin qu’on se trimbale depuis près d’une semaine, on la partage avec panache avec deux voyageurs Anglais, ravis de tomber sur deux frenchies. Le lendemain matin, on quitte la ville et son palais comme si cette soirée n’avait été qu’un mirage avant de replonger sur les pistes au cœur du désert. »
« Grâce à la moto on s’immerge dans une ruralité profonde, on échange avec des indiens dans des villages reculés, c’est très émouvant de découvrir cette Inde oubliée. »
Concernant les parties de pistes sablonneuses que craignent certains riders, Baptiste nous rassure. « On a pris beaucoup de plaisir dans le sable, pas de raison d’avoir peur ou de ne pas aimer ça, au contraire ! C’est un peu fatiguant mais tellement ludique !» Il nous avoue que les moments les plus marquants du
voyage à moto sont ceux vécus dans les campagnes. Si cet itinéraire a déjà été repéré par Johann, accompagnateur moto de l’agence, voyager en Inde est toujours une plongée dans l’inconnu. Il peut y avoir des chemins impraticables, des travaux qui ont changé la donne, des rencontres inattendues, des pannes mécaniques qui modifient le programme. Avant d’arriver à Jaisalmer, l’embrayage de Benoit lâche, ils doivent tracter sa moto sur 150km. A Jaisalmer, ville héritière de la route de la Soie, c’est la récompense, le bout du monde. « Il n’y a plus rien après ! Sur le toit-terrasse de notre guesthouse, le coucher de soleil sur la citadelle nous donne déjà des nouvelles envies d’évasion, quand est-ce qu’on repart ? »
Sophie Squillace / Vintage Rides
Crédits photos : Baptiste Saude