Un itinéraire exclusif et original dans l’Himalaya indien
La plupart de nos motards connaissent déjà le Ladakh, le « pays des cols ». Depuis Leh, dans la vallée de l’Indus, ils sont nombreux à rejoindre le Khardung La (5370m), le col carrossable le plus haut du monde. Les régions du Kinnaur et du Spiti, elles, sont beaucoup moins fréquentées, plus isolées, presque secrètes. Une poignée d’aventuriers privilégiés s’y rend chaque année, le plus souvent entre les mois de septembre et octobre. Johann, notre accompagnateur moto nous le confirme : « C’est comme un Ladakh hors les murs, tout aussi grandiose et moins fréquenté, le sentiment de rouler au bout du monde se fait plus incisif. » Notre
voyage moto Himalaya a par ailleurs beaucoup d’avantages. Il convient à ceux qui souhaitent prendre leurs vacances en dehors des périodes scolaires et éviter ainsi les mois de juillet-aout. Il séduit également les voyageurs un peu inquiets face aux problèmes liés à l’altitude. Notre itinéraire suit une progression toute particulière et permet une excellente acclimatation avant d’affronter les hautes altitudes du Spiti.
Un voyage entre deux mondes à la diversité époustouflante
Le périple commence sur les lacets exaltants qui serpentent au milieu des grandes forêts de pins des piémonts himalayens. Passage par Shimla, ancienne capitale d’été du gouvernement impérial anglais, avant de s’enfoncer dans les montagnes du Kinnaur sur la célèbre Hindustan-Tibet Highway (NH22). Cette route spectaculaire, qu’utilisaient jadis les caravanes de la soie entre l’Inde et le Turkestan chinois, permit à de nombreux explorateurs de rejoindre le Tibet et servit aussi de cadre au fameux roman de Rudyard Kipling, Kim. Au Kinnaur, on aime les villages bucoliques et les champs en terrasse, où l’on cultive pommes, abricots et noix en abondance. Le bouddhisme et l’hindouisme s’y côtoient harmonieusement, comme en témoigne le temple de Bhimkali à Sarahan. Puis petit détour par la vertigineuse vallée de Sangla pour atteindre le village pittoresque de Chitkul, où se dressent des maisons de pierre et de bois sculpté. En route, vous admirez la montagne mythique de la vallée : le Kinnaur Kaïlash culminant à 6501m d'altitude. Pour rejoindre ensuite le Spiti, il faut remonter les gorges de la rivière Sutlej. Au fur et à mesure de la montée en direction du Nord-est, vous vous rapprochez du Tibet et des hauts-plateaux balayés par le vent. Les paysages verdoyants du Kinnaur laissent alors place à un monde minéral, marqué par de vastes étendues rocailleuses et arides. Le monde perdu du Spiti arrive comme un cadeau après une magnifique étape depuis Sangla.
« J’adore ce tour car il offre une progression depuis le piémont himalayen, dans le Kinnaur, vert, arboré, arrosé par les pluies de la mousson jusqu’au désert montagneux sec grandiose et de haute altitude dans la vallée du Spiti accrochée sur le rebord de l’immense plateau tibétain. »
Le Spiti, refuge de la culture bouddhiste tibétaine
Plus haut, les modestes hameaux entourés de leurs frêles barrières de saules et de peupliers font l’effet d’oasis irréelles. Au milieu de cette immensité émerge les villages de Nako, Kyber et Komic, parmi les plus attachants de la région. Komic, situé à presque 4600m d’altitude, serait le plus haut village habité d’Asie. On rencontre un peuple d’une gentillesse désarmante auréolé d’un sourire apaisant. Bouddhistes pieux, attachés à leurs traditions, ces montagnards ont appris à vivre dans des conditions difficiles : des hivers longs et rudes couplés à la rareté des ressources. En été, tout ce petit monde s’occupe à moissonner l’orge et le blé. La région accueille aussi de téméraires bergers, les Gaddi, qui après avoir quittés les piémonts himalayens avec leurs troupeaux de moutons, se déplacent dans ces hautes vallées du bout du monde. Les drapeaux de prière colorés claquent au vent, la litanie des psaumes résonnent depuis la cour des monastères, les paysages lunaires invitent à la méditation. La plupart des monastères du Spiti sont juchés sur des éminences rocheuses, si bien qu’ils ont l’allure de forteresses.
Tabo, fondé en 996, abrite des fresques d’une rare finesse, il est aujourd’hui classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. L’impressionnant monastère de Dhankar, suspendu en équilibre au flanc d’une falaise, semble sorti tout droit d’un rêve. Vous atteignez enfin avec le plus grand émerveillement, le grand monastère de Ki, perché sur un spectaculaire piton rocheux, à 4116m d’altitude. Erigée il y a plus de mille ans, cette forteresse sert de retraite à quelque 200 moines de l’ordre des Gelugpa (les « bonnets jaunes »), guidé par le Dalaï Lama.
Un raid aventure synonyme de dépassement de soi
Rouler sur ces pistes surréalistes à la frontière avec le Tibet est un rêve à réaliser au moins une fois dans sa vie : un vrai voyage initiatique. Cet itinéraire exigeant s’adresse sans aucun doute à des pilotes expérimentés n’ayant pas froid aux yeux. L’engagement et le challenge physique en valent la peine. Sans oublier que ce
voyage moto en Himalaya se termine en beauté. Pour rejoindre le Lahaul voisin, il faudra passer le col du Kunzum (4550m) qui vous plonge directement vers le Chandra Tal, un fabuleux lac d’altitude aux eaux turquoise. Une dernière journée de moto intense vous attend pour franchir un autre col emblématique : le col du Rohtang (3950m) bien connu des motards qui empreintent la route Manali – Leh. En espérant que la vidéo ci-dessous éveille en vous la curiosité et l’envie d’aller vérifier par vous-même si le Kinnaur et le Spiti sont bien réels !
Découvrez notre
voyage moto Himalaya.
Prochain départ du 15 au 28 septembre 2018.
Sophie Squillace / Vintage Rides
Crédits photo : Daphne Devi, Pierre Chaix, Stéphane Campo
Crédit vidéo : Johann Rousselot