Même si aujourd’hui de nombreuses femmes voyagent à moto, il faut bien se rappeler que dans les années 1970, Anne-France Dautheville était une espèce rare ! Nous sommes toujours très admiratifs de son parcours et prenons un grand plaisir à la rencontrer, l’écouter et la lire.
Route, audace et liberté
Paris, Mai 68. Alors que les grèves paralysent le métro, Anne-France s'achète une mobylette Honda pour se déplacer dans la capitale, et découvre ainsi les joies du deux-roues. Dès que possible, elle s’évade le temps d’un week-end ou pendant les vacances d’été à travers l’hexagone. Au début des années 1970, elle fait voler en éclat les conventions et s’empare de sa liberté, bien décidée à montrer qu’on peut voyager seule quand on est une femme et… à moto. A 28 ans, elle devient d’abord la seule femme engagée sur le raid Orion entre Paris et Ispahan. Une fois arrivée en Iran, elle poursuit sa route avec une poignée de motards vers l’Afghanistan et le Pakistan. Mais à son retour à Paris, des rumeurs circulent : on dit qu’elle ment sur son exploit, et qu’elle aurait réalisé le raid dans un camion. Voilà qui est gonflé ! Furieuse, Anne-France décide de repartir et se lance un nouveau défi. Cette fois, elle partira pour un tour du monde à moto en solo, qu’elle souhaite faire constater par un huissier.
Des motos et des livres
En 1973, au guidon d’une petite Kawasaki 100 cm 3 , elle débute son tour du monde moto solo au Canada, avant de rejoindre l’Alaska, puis le Japon. Dans son récit « Et j’ai suivi le vent », la motocycliste nous raconte son périple à travers les cultures et les continents, dans un monde où il était possible de traverser l’Iran, le Pakistan ou l’Afghanistan à moto en toute liberté. En 1975, elle repousse ses limites en réalisant le tour complet de l'Australie au guidon d’une BMW 750 cm 3 . Elle y retourne en 1978, et avoue avoir un vrai coup de cœur pour ce pays où elle se serait bien vu vivre. Vient ensuite le grand voyage en Amérique du Sud à moto en 1981, seule au guidon d’une Honda 250 XLS. Son périple de Bogota au Brésil, en passant par l’Equateur, le Pérou, et l’Argentine donne lieu à un livre, « La Piste de l'Or ».
Le jour de ses 60 ans, Anne-France enfourche de nouveau une bécane et part pour un voyage moto en France, toujours avec la même joie et légèreté qu’à ses débuts. Dans « La Vieille qui conduisait des motos », elle nous livre une ode à l’amitié, la nature… et la moto, évidemment !
Avoir une telle liberté d’esprit, ne pas suivre une route toute tracée, et surtout ne pas se prendre au sérieux, Anne-France Dautheville est un phénomène ! Cette grande voyageuse nous convainc de partir voyager à moto en solo, seul moment où l’on est véritablement soi-même, disponible et attentif aux autres. Aujourd’hui, madame Dautheville ne fait plus de moto, elle prend soin de ses chats et de son jardin. Et écrit toujours. Elle a publié en 2021 le récit de ses aventures en Australie, intitulé « L'Australie, c'est en bas à droite ». On aime ses livres pleins d’esprit, d’humour et de piquant, qui nous donnent toujours envie de prendre la route !