Adeptes inconditionnels des routes indiennes depuis des années, Johann et François, tour leaders émérites de Vintage Rides, ont décidé de monter au Ladakh en moto plutôt qu’en avion, pour réduire leur empreinte écologique et surtout pour explorer des routes qu’ils ne connaissent pas encore.
« Le Ladakh, on a tous les deux passé des étés riches en émotions là-haut ! La Transhymalayenne oui c’est hard et c’est une belle aventure mais on voulait autre chose, on cherchait un itinéraire plus dur et plus sauvage. »
Intrépides, curieux, ils ont déjà effectué plusieurs pérégrinations similaires, des marches solitaires dans les Pyrénées ou les Cévennes, des rêves communs de Kamtchatka ou d’Alaska et surtout ils partagent un lien puissant avec les Enfield, particulièrement les leurs.
8 jours de trip sur leur deux Standard 500, d’anciens modèles modifiés, des bécanes résistantes. Celle de Johann, boîte 4 vitesses à l’anglaise et sélecteur au pied droit. Celle de François, endurante et tolérant sa fidèle passagère.
Une épopée inattendue
Une heureuse coïncidence et une rencontre fortuite à Delhi à la fin du mois de juin amorça l’aventure. A deux on peut s’entraider, réparer une crevaison, construire un pont, traverser des rivières… L’issue du trip aurait été moins certaine tout seul.
Quand on est passionné de voyages à moto, le repérage se fait sans même y penser, une sorte de déformation professionnelle en fait. On enregistre des traces gps, on déniche des bons plans ça et là, petits restos, pistes secrètes, guesthouses typiques, et on avance avec la fervente envie de partager tout ça avec d’autres motards.
Après le temps nécessaire à Delhi pour bien préparer nos motos, nous partons sans assistance mécanique. Libres, animés par la frénésie du voyage, notre seule contrainte est d’atteindre Leh le 10 juillet car nous guidons chacun un voyage Oasis et Sommets du bout du monde.
Objectif Sach Pass
Le 3 juillet 2015, départ à l’aube pour quitter Delhi sur nos deux Royal chargées, la sueur au corps mais le sourire aux lèvres. L’itinéraire est à peu près finalisé : direction la vallée de Chamba, au dessus de Dharamsala, en Himachal Pradesh. Puis nous ferons nos premiers pas dans la vallée de Pangi, dans un univers splendide, coupé du monde, entre le Cachemire, le Zanskar et le Lahaul. Pour y accéder, une seule route et le passage d’un col mythique : le Sach Pass (4420m), plus haut que le Rothang et beaucoup moins fréquenté.
Les journées sont rythmées par les rencontres, les pauses chaï et les prises d’images. On bichonne nos montures, avec un peu d’huile, d’air dans les pneus, des petits réglages de carbu et quelques caresses.
Le 6 juillet, l’euphorie et l’excitation sont au rendez-vous pour le passage du Sach, avec la promesse de découvrir derrière celui-ci la vallée de Pangi. Un passage à gués décrit comme infranchissable par un groupe d’Indiens rencontré la veille, est finalement accessible avec pas mal d’efforts et beaucoup de rires.
Quelques kilomètres après le col, lors d’une petite pause bien méritée, personne à l’horizon quand soudain surgit un berger et sa chèvre, pas très causant malgré nos tentatives de discussion. Finalement on a pris pour nous le slogan imprimé en grand sur son jogging « Just do It ».
De la vallée de Pangi à Leh
En remontant la vallée de Pangi, on découvre un environnement intact, très alpin, parsemé de cascades et de vues splendides sur les glaciers. Le plus dur semblait derrière nous et c’est là que les rivières ont présenté des passages plutôt périlleux.
L’histoire du pont, c’était un mélange de stress, de solidarité et d’adrénaline, le genre de truc que tu n’oublies pas. La veille au soir, on a peu dormi, on était impatient de se lever aux aurores pour essayer de passer nos motos et celles de nos nouveaux compagnons d’infortune.
Puis nous retrouvons Keylong et la route que nous connaissons tant. Nous croisons notre ami et collègue Pascal avec son groupe en provenance de Naggar. C’est le temps de souffler un peu sur les soucis mécaniques et de partager nos anecdotes et nos péripéties le temps d’une soirée.
Encore deux grosses journées de route jusqu’à Leh nous attendent. Le décor lunaire s’installe progressivement et la culture tibétaine pointe son nez. Heureusement, en chemin, nous faisons une halte au petit Shanti Dhaba de Pang, retrouver notre mamie tibétaine préférée, qui nous accueille comme ses enfants, essoufflés et fourbus de fatigue.
Avec seulement une crevaison et une panne électrique, les avis sont unanimes : elles sont magiques ces motos !