Après une journée de boulot, de stress et d’émotions, le petit moment que tout bulletiste attend avec impatience, c’est d’enfourcher son Enfield pour aller rider l’asphalte délabré de Delhi. Ces quelques secondes passées à enfiler son casque avant le petit coup de kick magistral démarrant l’anglaise ou plutôt la belle Indienne. Ces quelques secondes où l’on bouillonne et qui précèdent les premiers tours de roues avant de lancer la bête.
Rouler en moto à Delhi la nuit est une aventure incroyable, il faut simplement le vivre pour le croire.
A une heure du matin, enfin… le trafic se raréfie dans Delhi, la corrida des « Tata trucks » qui envahissent la ville, à partir de 23 h prend fin. Les routes se libèrent et la fraicheur, quoique relative en ce mois de juin, s’installe dans les rues de la capitale. C’est donc le moment propice pour aller savourer les quelques tours de roues dans cette nuit d’insomnie.
Départ : Lajpat Naggar, arrivée : Lajpat Naggar, si tout se passe bien.
Petit retour de kick, en guise de mise en garde ! Puis au second, ça y est, elle démarre, on se lance, les rues sont désertes, une sensation de liberté m’envahie ! Un petit fond musical dans les oreilles, et c’est partie pour un tête à tête avec les virollos cassant et les speed brakers de Delhi. La roue avant traçant la piste sur les routes sablonneuses, ça glisse, l’arrière se met en crabe mais le petit mono tracte et ne lâche rien. A chaque coin de rue, une meute de chiens sauvages prennent en chasse la belle, énervés par le son du mégaphone !
La rigueur est de mise, le danger peut venir de tous les côtés comme cette vache paniquée de 300 kilos en train de se faire capturée au lasso par 5 indiens en bord de route, afin de la déporter à l’extérieur de la ville. Petite méthode indienne pour réguler le nombre de mammifères dans la capitale. Si ce n’est pas la vache qui empiète sur le bord de route, il faudra prêter une grande attention aux bayas, comprenez frères, et autres conducteurs de rickshaws dormant en bord de route !
Après une quarantaine de minutes et quelques montées d’adrénaline, la pression retombe, une douce sensation d’apaisement prend le relais et il est temps de reprendre la direction de ce doux quartier qu’est Lajpat Nagar. Un petit morceau jazzy de Chet Baker dans les oreilles, et à moi une courte mais bonne nuit de sommeil.
Par Benjamin VR, conseiller voyage moto chez Vintage Rides Le Lundi 17 Juin 2013